Réflexion 1

Il y a deux manières d'être un musicien: soit par apparence et professionalisme feint, soit par aspect plutôt romantique envers l'art.

La première exige la présence d'esprit et de ruse à tout moment; aucune inattention ni maladresse n'est permise. Faire de la musique veut dire alors faire les relations sociales, entrer des les réseaux financiers, enfin faire du commerce. Cette attitude de vente-achat entre le musicien et l'autre parti (auditeur, mécène, imprésario, membre de jury, ...) est sans doute très liée au savoir-être, mais aussi au savoir-négocier, au savoir-jouer de la musique pour un but précis autre que celui de l'art pour l'art (par exemple pour garantir une soirée payante, pour envahir, éblouir et conquérir un public simple et non-connaisseur par des procédés et des effets musicaux d'aucune valeur ni importance artistique).

La deuxième manière est tout à fait différente. Elle est adopté par le musicien qui ne pense à rien qu'à transmettre son idée musicale, quels que soient les circonstances, le public et l'emplacement. Il réagit alors pour le slogan "l'art pour l'art", qui ne s'appuie ni sur l'apparence, ni sur la "présence" sur scène, etc..Toujours, ce genre d'artistes, on les trouvent timides, peu sociables, qui ne cessent de fausser les notes à la moindre audition par un public large ou restreint. Bref, la scène n'est pas conçue pour eux. Ils veulent travailler en silence et seuls. Ils rêvent d'une représentation, où l'auditeur n'a aucune intention que d'apprécier spirituellement les sons harmonieux ou non de la mélodie, sans pour autant juger ou comparer. Ils aspirent aussi à une scène sans lumière, pas trop élevée, au milieur du public peut être, mais sans distraire sa vue de déchets costumiers, ni de gestes théâtraux inutiles qui n'approtent rien de plus à la musicalité pure.

Ces deux manières sont totalement contradictoires. Mais l'astuce réside dans le fait d'établir un compromis tolérant et maniable entre elles, sans pour autant tomber dans la piège inévitable de la première manière, qui plonge son adopteur dans un état de bien-être falsifié et irréel. Le plus important est de ne pas tenir profit de cette première manière, mais de se contenter simplement de retenir quelques aspects profonds d'un comportement modéré d'un artiste qui joue ou créé de la musique juste pour la musique.

Dhia Eddine Ben Youssef